Aujourd’hui, quelques réflexions sur l’apprentissage en ligne et l’utilisation des feedback (ou rétroactions) des apprenants et comment elles peuvent être favorisées et utilisées dans la conception de cours en ligne.
Cet article présente mes notes et réflexions personnelles suite à la lecture de l’article « Leveraging Feedback Experiences in Online Learning » par Erin Crisp. Soit en anglais « Tirer avantage des rétroactions dans l’apprentissage en ligne. » Je présente ici un résumé succin, accompagné de mes réflexions sur le sujet.
Présentation de l’étude
L’article présente les résultats d’une étude menée par l’autrice auprès de 200 apprenants adultes, aux États-Unis, sur un panel varié d’âge et d’origine.
L’étude cherche à répondre à différentes questions: Comment peut-on utiliser efficacement les rétroactions des apprenants à un programme de formation en ligne? Comment le design d’un cours peut-il impacter la qualité et la quantité des rétroactions reçues?
L’autrice cherche à voir s’il y a une corrélation entre de bon résultats obtenus aux examens à la fin du cours, le nombre d’interactions ou rétroactions pendant le cours et l’appréciation de la formation.
L’étude définie quatre dimensions du feedback:
Ponctualité: réponse rapide en cas de question d’un apprenant (24 à 48h) ou correction rapide de devoirs ou d’examen soumis (une semaine).
Fréquence: nombre d’interactions entre apprenants et avec le professeur.
Distribution: distribution dans le temps des interactions, l’autrice suppose qu’une répartition égale dans le temps du cours est meilleure que beaucoup de rétroactions avant un examen par exemple
Individualisé et orienté contenu (IOC): à quel point le feedback de l’enseignant est spécifique à l’apprenant: adapté à sa question et à ses objectifs d’apprentissage. L’autrice suppose que plus on a de feedback individualisés, le mieux c’est.
Résultats et recommendations
Pour résumer rapidement, l’étude montre que plus il y a de feedback IOC, meilleurs sont les résultats aux examens et, également, meilleure est l’appréciation de la formation par les apprenants.
En d’autres mots, la satisfaction des apprenants est le reflet de la qualité et de la ponctualité des retours fournis par le professeur.
Idées et réflexions
Si les rétroactions IOC, sont si efficace, comment favoriser les échanges entre apprenants? Comment favoriser les échanges entre apprenants et professeurs?
Si le fait d’avoir des rétroactions ponctuelles et rapide est important, quelle place peut avoir l’utilisation des feedback automatisés, comme l’utilisation de l’intelligence artificielle?
Support par les pairs: le support ou la rétroaction individualisée peuvent aussi venir des autres apprenants. L’utilisation de revue ou notation par les pairs et l’utilisation de forum de discussion sont une bonne manière de les favoriser. On peux imaginer par exemple, une question de réflective à laquelle les apprenants sont tenus de répondre dans le forum ou encore un devoir qui serait noté ensuite par un autre apprenant, en s’aidant d’une grille de lecture.
Sondage des apprenants: Les sondages de satisfaction des apprenants restent une technique efficace pour avoir leur rétroaction et ressenti à la fin d’un cours.
Suivi d’activité automatique ou par intelligence artificielle: on parle par exemple d’une analyse sémantique automatisée des échanges entre apprenants sur le cours ou d’un suivi de leur activité sur la plateforme. De telles analyses automatisées permettront de détecter les tendances et surtout d’avoir des données en temps réel.
On en est encore aux prémisses de l’utilisation de ce type de technologie en apprentissage en ligne mais les informations qu’on pourrait en retirer pourraient être très utiles. Par exemple (et l’autrice donne plusieurs exemple dans l’article), si on l’on compare un cours A et un cours B, une analyse automatisée du suivi d’activité permettrait de nous faire savoir qu’en moyenne les questions posées dans le cours A sont répondues en moins de 24h alors que celles posées dans le cours B le sont en 3 jours. Ou encore, que le cours A présente une moyenne de deux interactions entre pairs par participant alors que le cours B présente une moyenne de quatre interactions entre pairs par participant.
En revenant sur l’exemple du devoir citée plus haut, pourquoi ne pas envisager de faire analyser les devoirs rendus par les apprenants à l’aide de l’intelligence artificielle? Ceci afin de faire ressortir les principales tendances, sujets traités ou même besoins d’apprentissage?
Rétroaction par l’enseignant: les interactions directes avec l’enseignant permettent d’offrir des rétroactions individualisées aux apprenants. Cette méthode a des limites, la principale étant le temps nécessaire aux enseignants pour répondre aux questions des apprenants.
Le support par l’enseignant sera dans ce contexte plus facilement implémentable dans le contexte d’un cours défini sur une courte période de temps (quelque semaines) plutôt qu’un cours accessible en tout temps.
Pour pallier à ce problème, pourquoi ne pas imaginer une sorte de learning community manager qui ferait le lien à long terme entre les apprenants et l’expert du sujet ou enseignant du cours. En charge d’un ou plusieurs cours, son rôle serait de synthétiser les points bloquants, les questions récurrentes ou les principales avant de les transmettre à l’enseignant afin que celui-ci répondent aux questions ou adapte le contenu de son cours.
À terme on pourrait aussi imaginer que ce learning community manager soit supporté par une application d’intelligence artificielle, qui lui transmettrait les principales tendances de navigation, de discussions ou encore les activités les plus vues dans un cours.
Conclusion
Les rétroactions ponctuelles et individualisées en apprentissage en ligne sont essentielles pour l’engagement des apprenants mais il n’est pas évident de les favoriser. L’intelligence artificielle et l’automatisation de certaines tâches permettra dans un futur proche d’améliorer grandement le suivi d’activité sur les plateformes de formation et d’adapter encore mieux les contenus des cours.
Cela dit malgré de belles possibilités, les interactions entre apprenants et avec les enseignants restent essentielles. Ce sont elles qui permettent d’avoir des interactions vraiment individualisées et des échanges vraiment enrichissant pour les apprenants et pour le cours.
Elles ne sont pas forcément faciles à mettre en place, particulièrement les interactions avec le professeur, mais la question devrait se poser quand on conçoit un cours en ligne: comment peut-on impliquer l’enseignant ou l’expert du sujet dans les interactions avec les apprenants? Un learning community manager?